Benga NDJEME
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 18/07/2007
| Sujet: BELINGA, MA SOEUR... Mer 18 Juil - 15:41 | |
| Belinga !
Pousse ton bébé d’un milliard de tonnes Du fond de ta montagne humide et touffue Pousse ! Pousse du mieux de ta colonne Vertébrale cette enfant raide et joufflue.
O Belle-Inga ! veuve et orpheline Sanglotant à tue-tête dans de hauts vallons La layette rangée dans la crinoline Et le ventre tendu comme un gros ballon !
Si gros qu’on t’impose une césarienne Dans une vaste clinique à ciel ouvert Pour en finir avec cette arlésienne Des gisements de fer chantée par les piverts.
Ton enfantement par césarienne Répand tes hurlements au-delà des forêts Que les vents d’Afrique sub-saharienne Les colportent dans les salons et cabarets.
Ces exhalations du fond de la terre S’échappent bien de ton ventre pointu Où se contracte ton fœtus de pierres Dont les organes vitaux sont déjà vendus.
Travail interminable d’une grossesse A risque qui pollue le lit de l’Ogooué Par le flux d’une étreinte sans tendresse Flux amniotique millénaire et pourpré !
Elle n’est ni l’Amazonie ni le Gange Mais l’artère où coule notre plasma noir Est l’univers des bonnes fées et des anges Qui transforment ses tourbillons en entonnoirs.
Des forgerons et artisans anonymes Ayant sculpté en enclumes tes flancs rocheux Le désir de création qui m’anime Est le noble héritage de nos aïeux
Ton fœtus palpitant sous l’épaisse masse De terre brûlée entend un grand bistouri Avancer d’un pas sûr dans la biomasse Qui l’a si longtemps protégé et tant nourri
Que tu n’enfantes pas sous péridurale Est une brutale et douloureuse idée Mais l’épanchement de tes eaux minérales Est un drame pour tes divines orchidées.
Et malgré ta vaine et amère complainte Les hommes font corps avec arbres et rochers Mais qui Grand Dieu peut-il bercer nos craintes A défaut d’avoir un guide ou même un Cocher ?
Tu t’apprêtes à donner en sacrifice L’éclat de Mars qui flotte en apesanteur Dans ton ventre rayé de longues varices De métal torsadé par tes profanateurs ;
Mais tu t’apprêtes à livrer à ce monde Tes toiles de montagne en camaïeu Qui puisent dans leur argile féconde L’énergie dont tu brilleras de mille feux.
Grimé d’ocre et de charbon dans tes entrailles Ton fœtus se recroqueville en ton sein Ce fruit juteux d’hématite tressaille Si fort qu’un gros calcul s’est logé dans mes reins.
Un gros calcul ? Que dis-je ? une pièce Arrachée à mon âme le débris d’un cœur Brisé par la naissance de ma nièce Et la souffrance solitaire de ma sœur.
O misère ! Misère de ce supplice D’une Mère opérée sans anesthésie Pendant que l’écho des Monts se fait complice Des malheurs de cette maternelle agonie !
Faut-il que ma Sœur enfante dans la honte Et que son sang nourrisse un sol sans bonheur Ou qu’il émerge vite un Veilleur des Fontes Forgées par nos ancêtres pour notre honneur ?
Oh ! hiboux qui hululez au coin des huttes Quand les palmiers soupirent leurs symphonies Otez donc vos masques pour mener les luttes Dont vous chantez en pleine nuit les litanies !
Seigneur mes chants sont-ils donc si inutiles Que ma voix se perd dans les cris des perroquets ? Toi qui donnes joie à la femme stérile Fais de nos larmes le vin d’un heureux Banquet !
Toi qui parles aux forces de la nature Comme un Maître parle à ses étudiants Fais de nous un mot de ta sainte Ecriture Pour nous aider à vivre en dignes mendiants
Au pied du Mont d’où jaillissent les fleuves Des Statues au sang chaud couchées dans des divans Hument les fleurs qui inspirent leur effluve Des jardins parfumés de Mvadi et d’Ovan
Parce que tu es notre Seigneur et frère Lève de leurs divans tous ces Géants couchés Qui sont tombés en t’adressant leurs prières Donne-nous la force de vivre avec nos péchés.
O Belinga je porte en bandoulière Ton nom gravé dans ma tête de bélouga Je l’emporterai jusqu’au cimetière Gavé de manioc et de rutabaga.
Benga NDJEME | |
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